Le mardi 13 mai à Grenoble, journée de grève et de manifestation de la Fonction Publique, l’Éducation Nationale était particulièrement mobilisée. Depuis des semaines, les personnels de l’éducation et les parents d’élèves de l’Isère alertent sur la situation extrêmement dégradée des conditions de travail et d’accueil des élèves, particulièrement dans les écoles des quartiers populaires.
Le 10 avril, puis le 5 mai, les grèves avaient été déjà très suivies avec 70 écoles et établissements représentés, obligeant le recteur à se déplacer dans certaines écoles le 12 mai et à recevoir le 13 mai une délégation représentant l’ensemble des personnels en lutte.
Les revendications au centre de ce mouvement concernent l’octroi de moyens et de personnels pour les écoles et les établissements des quartiers populaires mais aussi pour tout le service public d’éducation. Cette lutte est celle de la population, des travailleurs, des travailleuses des écoles qui défendent leur service public d’éducation. Cette lutte défend un projet social d’émancipation collective contre les logiques de compétition et de sélection que commandent les orientations du ministère de l’Éducation Nationale et l’austérité budgétaire.
Cette lutte est exemplaire, cette lutte est salutaire
Face à cette mobilisation d’ampleur, le rectorat de l’académie de Grenoble a répondu par des promesses et de la communication, la police, elle, a préféré la répression.
Au cours de la manifestation, la police a interpellé deux professeurs, actifs et engagés de longue date. Ils ont tout deux été retenus pendant 3h au commissariat et sont accusés d’“outrage à personne dépositaire de l’autorité publique”. Ils sont convoqués pour une audition libre le 2 juin au commissariat.
Que leur reproche-t-on ? D’avoir inscrit, sur des cellophanes “ »9 mai, Paris : Retailleau [coeur] les néonazis ». Et effectivement, le 10 mai l’outrage a bien eu lieu. Celui, à Paris, de voir défiler, en pleine rue, encadrés et protégés par la police, des néonazis, brandissant sans équivoque drapeaux, tatouages, insignes et saluts nazis. Manifestation à l’appel de nombreuses associations revendiquant leur héritage nazi et déposée par une assistante parlementaire du RN et de l’UDR, le parti d’Éric Ciotti. L’outrage a bien eu lieu, celui d’accepter, d’escorter et de banaliser les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, le massacre et le génocide de plusieurs populations (juifs, tziganes…), la propagation de théories racistes et suprémacistes d’extrême droite.
Le Ministère de l’Intérieur a bien outragé les valeurs antifascistes qui sont censées être celles de la république française depuis 1945. Le préfet de police de Paris a, le même jour, interdit une manifestation antifasciste et antiraciste et l’installation d’un village antifasciste, qui lui a tout de même pu se tenir suite à décision de justice.
Hier, Darmanin voulait dissoudre la « Ligue des droits de l’Homme », aujourd’hui Retailleau tente de dissoudre « La Jeune Garde antifasciste » (collectif antifasciste) et « Urgence Palestine » (organisation de lutte contre le génocide en cours à Gaza).
Le ministre de l’Interieur n’a donc besoin de personne pour piétiner son honneur, par ses actes, il y parvient très bien tout seul.
Les professionnel·le·s de l’éducation en lutte, l’ensemble des syndicats mobilisés aux côtés de nos collègues, demandent l’arrêt immédiat de toute procédure à l’encontre de ces deux professeurs.
La CNT, fidèle à sa tradition antifasciste, à ses valeurs égalitaires et libertaire, soutiendra toujours le combat contre les discriminations et l’autoritarisme d’hier et d’aujourd’hui.
La CNT, organisation syndicale révolutionnaire et autogestionnaire, continuera à lutter, avec les populations et les personnels, pour obtenir les moyens nécessaires afin de construire une école publique solidaire et émancipatrice et défendre l’égalité et la justice sociale.
No pasarán !
Retrouvez le communiqué de l’intersyndicale FSU Isère, Solidaires Isère, PAS Udas 38, CNT, CGT 38 Éduc’action, Services publics et Ferc Sup, en soutien aux deux camarades enseignants : https://ul38.cnt-f.org/2025/05/22/soutien-aux-deux-camarades-enseignants-arretes-pendant-la-manifestation-pour-la-defense-des-services-publics/
Retrouvez également l’appel à la grève dans l’Éducation Nationale en Isère des 13, 14 et 15 mai : https://ul38.cnt-f.org/2025/05/07/13-14-15-mai-greve-des-personnels-de-leducation/
SE SYNDIQUER, REJOINDRE LA CNT !
https://ul38.cnt-f.org/nous-contacter/
Rejoindre la CNT c’est prendre le temps de réfléchir au sens de notre travail, son organisation, nos envies et nos besoins. C’est s’engager dans la solidarité, partager ses expériences, découvrir celles des autres. C’est participer à la mise en place d’outils pour mener les luttes, pour préserver nos acquis et en imaginer de nouveaux. Se syndiquer à la CNT c’est s’émanciper et se projeter dans une société juste et égalitaire.