Nous reproduisons ci-dessous un texte écrit par les familles mises à l’abri dans les écoles de Grenoble.
Nous sommes plusieurs familles mises à l’abri la nuit dans des écoles de Grenoble pour être protégées de la rue. À ce jour, 8 écoles sont occupées par 15 familles dont 35 enfants. Parmi nous, beaucoup de familles sont arrivées en France après avoir subi des violences. Et dans la rue, ces violences continuent. Elles touchent particulièrement de nombreuses femmes seules avec leurs enfants.
C’est grâce à la solidarité des collectifs de parents et d’enseignant·es qui nous soutiennent que nous sommes à l’abri aujourd’hui.
Mais la vie dans une école, c’est pas normal, une école doit rester une école. Et c’est loin d’être facile, il y a beaucoup de contraintes qui rendent la vie pénible. Nous n’avons aucune intimité, aucun confort, aucun endroit à nous, aucune liberté de mouvement, aucun espace de jeu extérieur pour les enfants, etc. Nous sommes fatigué·e·s et stressé·e·s et nos enfants aussi. Cela nuit à leur santé, à leur développement, à leurs apprentissages et à leur confiance en elles et eux.
Nous voulons que nos droits et nos besoins soient respectés :
- Nous voulons des hébergements stables, là où nous vivons, là où nous nous faisons soigner, là où nous allons à l’école, là où nous avons nos ami·e·s.
- Nous avons besoin de vrais appartements où nous pouvons cuisiner, être tranquilles et indépendant·e·s.
- Nous voulons avoir des vies d’enfants normales avec un chez-soi où l’on se sent en sécurité, une chambre avec un lit confortable, un bureau pour travailler, des jouets, et où on peut inviter nos ami·e·s.
- Nous voulons des papiers et un droit au travail pour pouvoir nous installer en France, faire des études, travailler et prendre soin de nos familles.
- Nous ne voulons plus vivre dans l’angoisse de la rue et la peur des arrestations ou des expulsions.
- Nous voulons choisir là où nous voulons vivre.
Normalement c’est l’État qui devrait nous proposer un hébergement. C’est la loi, mais il ne la respecte pas. Des familles vivent dans l’école depuis 10 mois malgré plusieurs alertes et ce n’est pas acceptable.
C’est pourquoi, avec le soutien de l’Intercollectif des écoles occupées, nous sommes mobilisé·e·s et nous nous adressons à la mairie de Grenoble, que nous avons rencontrée le 4 juin, pour lui répondre que :
- Nous voulons des hébergements pérennes, ici à Grenoble ou dans l’agglomération, proches des transports en commun, avec un vrai accompagnement social.
- Nous acceptons les propositions d’hébergement en colocation si c’est avec des familles que nous connaissons ou avec qui nous parlons la même langue, s’il y a des espaces adaptés pour chaque famille (et notamment des douches pour chacune), ainsi qu’une grande cuisine partagée.
- Nous acceptons aussi de rester ou d’entrer dans des anciens appartements de fonction à l’intérieur des écoles seulement si la mairie nous fournit des contrats d’hébergement et qu’il n’y a pas de contraintes nous empêchant d’aller et venir.
En attendant des réponses concrètes, nous continuons à occuper les écoles et nous le ferons tant qu’il le faudra pour :