Il y a plus de deux ans maintenant, l’invasion russe commençait en Ukraine et depuis, nos positions demeurent :
Nous sommes aux côtés de notre classe sociale en Ukraine. Nous sommes aussi aux côtés des Russes et des Biélorusses qui s’opposent à cette guerre et au militarisme. Nous sommes pour l’autodétermination des peuples et contre le capitalisme et tous les impérialismes, qu’ils soient occidentaux (USA, Europe…) ou orientaux (Russie, Chine…).
Et c’est parce que nous suivons cette ligne que nous soutenons, entre autre, l’action de Solidarity Collectives (SolCol), organisation ukrainienne anti-autoritaire. Ce sont les camarades de cette organisation qui nous ont envoyé le message ci-dessous à l’occasion des deux ans de l’invasion. Nous souhaitons partager ce texte qui nous rappelle que chaque action, si minime soit-elle, est une solidarité tangible internationale.
Nous publions également à sa suite le communiqué du Secrétariat international de la CNT auquel nous participons et apportons tout notre soutien.
Texte de Solidarity Collectives :
Camarades, Compagnon-s-nes,
Nous entrons dans la troisième année depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par les forces armées de la Fédération de Russie. Depuis 2 ans, nous avons vu ce que signifie concrètement la solidarité internationale, et c’est grâce à cette solidarité et votre aide, que nous continuons d’exister en tant que collectif. Ce qui a été réalisé, tout le soutien que nous avons pu apporter ensemble, était impensable avant le 24 février 2022.
Il s’est passé tellement de choses en deux ans que nous ne pourrons pas le mettre dans ce texte, mais nous pouvons commencer par cela : merci.
Notre collectif s’améliore avec le temps et nous comprenons plus clairement ce que nous pouvons faire dans la situation qui nous entoure, même si la situation est très difficile. On continue d’affronter les épreuves entre fatigue et stress, mais aussi le plaisir du travail bien fait.
Notre aide civile (humanitaire) et ses pratiques d’entraide nous ont rapprochés-ées de communautés dans toute l’Ukraine. Dans la région de Kherson/Mykolaïv, avec les processus de reconstruction des bâtiments, Lyman avec des ordinateurs ou des tablettes pour les écoles ou des vêtements et Nikopol avec des réservoirs d’eau nécessaires et nous continuerons à le faire, avec l’aide des syndicats et d’autres groupes.
Coopérer avec d’autres initiatives telles que des syndicats, des groupes anti-autoritaires ou des organisations de gauche en dehors de l’Ukraine pour organiser la solidarité dont les organisations ou communautés ukrainiennes ont tant besoin, a montré comment cela devrait établir des liens à long terme pour l’avenir, tout en apportant effectivement un soulagement à la population.
En Ukraine, nous coopérons avec d’autres organisations telles que : Base UA, Social Movement, FemSolution, Feminist Lodge, Beauty Studio, Free Filmers, Tarilka, Direct Action pour le côté humanitaire de nos activités.
Du côté de l’argumentation médiatique et politique, plaider pour un soutien et discuter de la situation est devenu une grande partie de notre travail. C’était moins nouveau, dans le sens où cela fait partie de la vie politique de toute organisation, seulement l’échelle a changé pour beaucoup d’entre nous en faisant cela, et surtout cela a été très instructif sur la qualité des discussions, ainsi que sur la quantité de demandes de prise de parole.
Du côté de la lutte militaire/armée, peu d’entre nous faisaient ce genre d’activité auparavant, et nous avions beaucoup à apprendre. Connaître le matériel militaire, ses améliorations, suivre la situation en première ligne pour tenter de proposer les appareils ou outils qui pourraient être nécessaires. Nous continuons à améliorer nos compétences.
Grâce au soutien des plus de 60 camarades avec lesquels nous sommes en communication, nous pouvons fournir un soutien régulier à 100 à 150 combattants. Ils sont actuellement répartis sur toute la ligne de front des 1000 km.
Au cours des deux dernières années, nous avons perdu de nombreux camarades qui combattaient ici, il s’agit de : Yury Samoilenko, Sergey Petrovichev, Igor Volohov, Tisha, Zvir, Serhii ILchenko alias banan, Dmitry Petrov, Cooper Andrews, Finbar Cafferkey, Sam Newey, Yevgeniy Osievskyi, Marcy, Yura Lebedev.
Bien sûr, beaucoup plus de personnes ont été tuées depuis deux ans, mais ce sont celles-là que nous soutenions ensemble.
Nous avons eu la chance de rencontrer beaucoup de groupes et d’individus au cours de ces années et avons appris quelle est la compréhension qu’ont les camarades de situations comme celles dans laquelle nous nous trouvons. Nous pouvons bien sûr sentir le manque de connaissances grandir, depuis que l’attention a été attirée sur différentes régions du monde et sur le fait que vous luttez tous également dans vos propres espaces.
Pour comprendre la situation ici, nous vous suggérons de faire des recherches sur l’Histoire des Ukrainiens-ennes, en Crimée, Donbass, Ouest Ukraine. Spécifiquement une histoire décoloniale est essentielle à comprendre. Ainsi que regarder plus spécifiquement les effets et les conséquences des impérialismes allemand et russe lors de la Seconde Guerre mondiale. Comprendre les effets de ces avènements vous aidera à trier dans la propagande venant de Poutine aujourd’hui.
Nous vous saluons, camarades, compagnon-s-nes, et espérons vous trouver de nouveau dans le futur à nos côtés.
La solidarité vaincra.
Pas de repos jusqu’à la mort du dernier dictateur.Solidarity Collectives.
Pour nous soutenir : https://www.solidaritycollectives.org/en/support-2/
Vous pouvez nous contacter par mail ou sur nos médias sociaux. Tout les liens se trouvent sur notre site internet.
Communiqué du Secrétariat international de la CNT :
Deux ans d’offensive russe en Ukraine : toujours ni Poutine, ni OTAN !
Le 24 février 2024, jour anniversaire des deux ans de l’invasion russe en territoire ukrainien, des manifestations de solidarité se sont tenues dans plusieurs pays. Des appels à la constitution de cortèges anarchistes ont été lancés notamment à Varsovie, Berlin, Tbilissi, Vilnius ou Vienne. Si l’offensive de grande ampleur du 24 février 2022 a été fortement médiatisée et a suscité l’indignation internationale, cette date n’a été qu’une nouvelle étape. Une nouvelle étape dans l’aggravation de l’entreprise impérialiste de recolonisation et d’appropriation destructrice des territoires menée par l’État russe sur les bords du Don et de la mer Noire.
Dans presque tous les territoires ayant fait partie de l’URSS, l’impérialisme russe s’exerce encore aujourd’hui à travers l’écrasement de tous les soulèvements populaires et le maintien de régimes répressifs, prédateurs et bourgeois. Nous pensons par exemple aux révoltes rapidement confisquées, en Géorgie en 2008, au Kazakhstan en 2019 et en Biélorussie en 2020. L’impérialisme de l’État russe est aussi systématiquement à l’œuvre dans les conflits qui déchirent le Caucase, comme celui qui se déroule actuellement au Haut-Karabagh.
L’enlisement du conflit en Ukraine et le reflux des mouvements de solidarité populaires ont toutes les raisons de nous inquiéter. En tant que militant·e·s anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires, nous nous alarmons du discours étatiste, lisse et uniformisant qui entoure ce conflit. Les résistances ukrainiennes sont multiples et ne se limitent pas à un nationalisme libéral OTAN-compatible ; en Ukraine combattent aussi des anarchistes internationalistes, des militant·e·s anti-autoritaires, et s’organisent des initiatives de solidarité de terrain, notamment autour des luttes syndicales.
D’autant que ces dernières sont muselées au nom de la logique de guerre et de la raison d’État. En cette date anniversaire, le secrétariat international de la CNT renouvelle son soutien aux résistant·e·s ukrainien·ne·s, aux populations civiles victimes de la guerre et aux militant·e·s russes anti-autoritaires qui tentent par tous les moyens de lutter contre leur État. Nous soutenons et soutiendrons toujours les déserteurs de toutes les armées.La CNT-F s’est toujours tenue aux côtés des opprimé·e·s, contre les oppresseurs. Dans les conflits internationaux, nous nous méfions toujours des injonctions à choisir un camp. Bien qu’il soit passé au second plan dans l’espace médiatique, ce conflit est aujourd’hui mobilisé par les États occidentaux à des fins de contrôle des opinions, sous couvert de chasse à la désinformation dont la Russie se rend coupable (au même titre que le gouvernement français pour faire valider ses réformes antisociales, par ailleurs !). Cela dit, il est indécent d’entendre une partie de notre camp social se faire les avocats d’un pouvoir russe dont le caractère autoritaire, oppressif et violent n’est plus à démontrer, sous couvert de résistance à l’impérialisme américain.
Ni Poutine ni OTAN !
Guerre aux palais, paix aux chaumières !
Il y a un an, nous publions un texte pour le premier “anniversaire” de l’invasion russe que vous pouvez retrouver ici : https://ul38.cnt-f.org/2023/02/18/ukraine-putain-de-guerre-solidarite-populaire/