Nous ne sommes pas dupes du vernis social avec lequel le gouvernement essaye de repeindre la nouvelle réforme des retraites pour mieux la faire passer auprès de la population. Non, la réforme des retraites n’est pas avantageuse pour les femmes et minorisé·e·s de genre !
Il s’agit bien de faire des économies sur les plus pauvres, et les femmes et les personnes trans sont particulièrement touchées. Aujourd’hui, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est de 25% , ce qui donne un écart de 40% à la retraite. Le taux de pauvreté des femmes seules à la retraite est de 16,5% et en augmentation depuis 2016.
32% des personnes de la génération 1950 n’étaient plus en emploi l’année précédant leur retraite, 37% de femmes : le recul de l’âge de départ ne fait que prolonger cette période de précarité. Beaucoup de retraitées sont obligées de travailler encore en complément de leur retraite et 37% des femmes retraitées touchent moins de 1.000 euros de pension bruts ce qui les place largement en dessous du seuil de pauvreté, alors même que le coût de la vie augmente.
L’allongement de la durée de cotisation et la mise en place de l’âge pivot à 64 ans pénalisent les femmes et les personnes trans, qui ont des carrières plus hachées. Les personnes trans se voient refuser l’accès au travail du fait de la transphobie et les femmes occupent la majorité des temps partiels. Les maternités et l’éducation des enfants assurée à une écrasante majorité par les femmes interrompent aussi leurs carrières.
Cette réforme est un miroir grossissant des inégalités au cours de la vie et au travail. Elle reflète une conception patriarcale et capitaliste du travail, qui invisibilise tout le travail domestique assuré par les femmes (le travail reproductif) alors qu’il est indispensable au fonctionnement de la société et de l’économie et qu’il représente 33% du PIB. La pénibilité du travail est mal prise en compte pour les métiers majoritairement occupés par des femmes. De plus, elle n’est prise en compte que dans le cadre du travail salarié : s’occuper d’un foyer, des courses et des enfants est pourtant un travail difficile, qui marque les corps et entraîne une grande fatigue.
Mais le gouvernement refuse catégoriquement d’augmenter les cotisations. Même s’il a renoncé au système de points, il s’agit bien pour le gouvernement libéral de défaire un système de retraite par répartition, c’est-à-dire un système basé sur la solidarité, pour ouvrir la porte à la capitalisation, à l’individualisation du système de retraite. Le pire, c’est que le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites nous indique que le système est à l’équilibre ! En plus, si l’égalité des salaires était respectée, cela permettrait de gagner plus de 5,5 milliards, puisqu’en augmentant les salaires on augmente les cotisations pour les retraites !
En tant que féministes nous voulons réaffirmer notre droit à une vie digne, et à une retraite paisible, heureuse et en bonne santé après des années de travail. Notre existence ne doit pas se réduire à des années de labeur et d’exploitation. L’augmentation de l’espérance de vie doit bénéficier à la population et pas au capital.
Nos vies nous appartiennent, mobilisons-nous pour les défendre !
Contacts :
@agfeministe_38
La CNT 38 participe et soutien l’AG féministe de Grenoble.