Mise à jour de l’article suite aux entretiens. Le texte ci-dessous est également à retrouver sur le facebook “Bibliothécaires de Grenoble en lutte”. Sous cette mise à jour, vous pouvez retrouver l’article initial sans modification.
Mardi 16 novembre : 28e jour de grève !
Ce mardi, c’était le début des entretiens disciplinaires pour les bibliothécaires de Grenoble ! Nous étions massivement en grève aujourd’hui par solidarité envers nos collègues convoquées et pour défendre notre droit à lutter ! Accompagnées par l’intersyndicale (CGT/CFDT/FO/SUD CT/CNT/CFTC) et par une centaine de soutien, nous avons tenus deux rassemblements : le 1er au CCAS où avaient lieu les entretiens, le 2e à la mairie de Grenoble. Depuis le 31 juillet, la mairie de Grenoble s’enlise avec toujours le même talent dans un mouvement social qu’elle avait pourtant appeler de ses vœux ! Ce qui aurait pu être une belle page à inscrire dans l’histoire du mouvement social, s’est vite transformé en thriller de bas étage !
Les bibliothécaires de Grenoble luttent contre le contrôle du passe sanitaire dans leurs équipements. Révolté·e·s par ce qui constitue une atteinte grave au principe d’accueil universel des bibliothèques (libre, gratuit, sans justification, ni contrôle), par les risques de discrimination à l’entrée d’un service public et les dérives induites par ce contrôle social, elles ont exprimé·e·s leurs refus d’effectuer ces contrôles. Puisqu’Eric Piolle, s’était largement exprimé dans les médias pour critiquer le passe sanitaire et avait appelé à la création d’un mouvement social, les bibliothécaires pensaient trouver du soutien auprès de leur employeur et, une fois n’est pas coutume, livrer lutte commune. À la place du soutien, elles n’ont reçues que mépris, menaces, pressions et injonctions contradictoires : “menez une lutte d’ampleur pour faire bouger les lignes du gouvernement, mais obéissez à la loi sous peine de sanctions” !
Depuis le début du conflit, les bibliothécaires subissent des pressions et des intimidations quotidiennes (reconnues comme du harcèlement par la médecine du travail), pour les faire craquer et casser la grève. Pourquoi la mairie met-elle autant de zèle à faire appliquer une loi qu’elle condamne par ailleurs ? Après 3 mois et demie de mouvement social (28 jours de grève, 3 dates de mobilisations nationales, des réunions, des ag, des manifestations, des piquets de grève, écritures de diverses lettres ouvertes, rdv en préfecture, des dizaines de rassemblements publiques, construction d’un mouvement avec l’agglo, liens interpro…), la mairie a mis ses menaces a exécution et convoquées 12 bibliothécaires à de mystérieux entretiens !
En effet, d’après l’administration et Pierre Mériaux, ces entretiens ne sont pas disciplinaires mais pourraient aboutir à des sanctions ! Sur l’échelle de 1 à 10 du foutage de gueule, à combien se situe la mairie de Grenoble ?
À la question des sanctions dans l’article de Place Gre’net (12 novembre), Pierre Mériaux répond “cela dépendra de la qualité des échanges” ! Est-ce un entretien, un oral de concours ou un casting pour une pièce de théâtre ? Quand s’arrêteront les menaces (publiques maintenant) et l’humiliation que subissent les bibliothécaires depuis 3 mois ?
Ces deux premiers rendez-vous ne nous ont pas appris grand-chose : sanction ou pas ? Le mystère demeure. Les questions ont tournées quasi-exclusivement sur l’obligation d’obéir à la loi. La mairie de Grenoble a demandé expressément aux agent·e·s d’obéir aveuglement à la loi, même si celle-ci est liberticide !
Entendre cela en 2021, dans une période où l’obscurantisme gagne chaque jour du terrain, est aussi effrayant, qu’irresponsable ! Mais où est passé le laboratoire de la Gauche ? Ou est l’arc humaniste ? S’ils ont existé un jour, il y a longtemps qu’ils ont été piétinés par la culture d’entreprise au pouvoir !
Rappelons juste au passage à l’élu au personnel (absent de ces premiers rendez-vous), passionné du devoir d’obéissance, ces quelques mots d’un endimanché du Conseil d’État : “L’obéissance hiérarchique, qui est un principe cardinal, ne saurait échapper aux questionnements : obéir, ce n’est pas se soumettre, ni renoncer à penser, ni devoir se taire ; ce principe s’assortit même, dans des cas exceptionnels, du devoir de désobéir.” À bon entendeur…
À ceux qui nous exigent de nous obéissance et soumission, nous répondons : on se lève et on se bat ! (Merci Virginie Despentes, tellement plus passionnante à lire que le code de droit public !)
Et voici l’article initial publié sur notre site avant les entretiens :
Ce mardi 16 novembre 2021, quatre bibliothécaires sont convoqué·e·s pour entretien disciplinaire par leur employeur : la mairie de Grenoble, représentée par Éric Piolle, le maire, et Pierre Mériaux.
Ces entretiens disciplinaires font suite au refus de contrôler le passe sanitaire à l’entrée des bibliothèques, établissements publics, rappelons-le, c’est-à-dire, normalement, accessibles à tous les publics. Ce refus de contrôle est aussi motivé pour raison syndicale – cette activité ne fait pas partie de la fiche de poste et ne relève pas du métier de bibliothécaire – et sociétale – nous ne voulons pas nous habituer à contrôler la population, nous ne voulons pas habituer la population a être contrôlée.
Nous vous donnons rendez-vous ce mardi 16 novembre :
- 13h30 devant le bâtiment Claudel (là où est le CCAS), 47 avenue Marcelin-Berthelot, 38100 Grenoble, pour soutenir les 4 bibliothécaires avant leur entretien.
- 18h00 devant la mairie, 11 boulevard Jean-Pain, 38021 Grenoble, pour un rassemblement de soutien et protestation.
Rappelons que l’employeur a 15 jours pour donner suite à ces entretiens.
D’autres bibliothécaires sont déjà convoqués pour entretiens disciplinaires :
- Le mardi 23 novembre : 3 autres bibliothécaires sont convoqué·e·s ;
- Le vendredi 26 novembre : 3 nouveaux et nouvelles collègues passeront en entretiens ;
- Le mardi 14 décembre : 2 autres collègues sont sommés au même rendez-vous.