Marre des nouilles ? Bouffons du riche !
Joyeux anniversaire !
Il y a bientôt un an, nous changions de pantin présidentiel après le tour de manège électoral et son lot de promesses pour «sortir de la crise» ou «combattre le chômage». Certains croyaient vraiment au père noël, mais la plupart de ceux et celles qui votent encore voulaient juste se débarrasser de l’arrogant lieutenant du MEDEF qui siégeait à l’Élysée depuis cinq ans.
Les élections passent, la lutte des classes continue et, comme prévu, le «changement» promis n’est jamais arrivé. Aucun gouvernement n’est susceptible de parvenir aux affaires s’il n’est pas compatible avec l’organisation capitaliste de l’économie.
La crise, qui n’est, depuis 40 ans, que la forme «moderne» du capitalisme, continue d’aiguiser l’appétit des pauvres et de nourrir les riches qui en profitent. Elle est aussi l’arme la plus efficace du patronat pour attaquer ce qui reste des conquêtes sociales (droit des travailleur-euse-s ou systèmes de solidarité). Les salarié-e-s vont au travail pour ne pas dépérir, leur plaisir de consommateur-trices les rachète un peu de leurs peines laborieuses, les plus aliéné-e-s adhèrent carrément à la marche de leur entreprise lui offrant leurs vies et leurs enthousiasmes. Les mêmes, se jetteront par la fenêtre au prochain plan de licenciements. C’est une chose entendue, tout ceci n’a aucun sens.
…Alors, que faire ? Mangeons les riches !
Il y en aura pour tout le monde ! Les recensements sont formels, les riches sont de plus en plus nombreux ! Les fermetures d’usines se multiplient, les suppressions d’emplois qui en découlent viennent grossir les chiffres du chômage déjà énormes, les actionnaires se frottent les mains, les salarié-e-s se rongent les ongles. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle avait pourtant promis plusieurs sauvetages, s’était engagé auprès des salarié-e-s en lutte en leur jurant qu’il ne les abandonnerait jamais. Il avait même osé attaquer (verbalement) la finance…avant de tempérer son propos. Mais l’histoire ne cesse de bégayer et, une fois au pouvoir, les sociaux-démocrates ont fait ce qu’ils font depuis 150 ans_: se coucher devant les pouvoirs économiques. Les riches, réconfortés, peuvent jouir sereinement de leur suprématie… leurs rognons n’en seront que plus tendres. On va pouvoir se gaver !
Les riches seront d’autant plus gras que le gouvernement a même trouvé le moyen, comme n’importe quel gouvernement de droite, de ratifier un traité européen inscrivant la rigueur et l’austérité comme «règle d’or» de la gestion des budgets nationaux. Mieux ! Ce dont les riches rêvaient , la gauche l’a réalisé ! Ainsi l’ignoble accord national interprofessionnel (ANI), signé entre le Medef et quelques «syndicats» jaunes (CFDT, CFTC et CFE), soumet le salariat à une flexibilité et une précarité tout à fait inédites_: licenciements bien plus faciles, mobilité forcée dans les entreprises, extension du «CDI intermittent», dérogation au droit du travail… Allons-nous devenir tous-tes esclaves pour être compétitifs avec la Chine ? Mieux vaut inviter les travailleur-euse-s chinois à partager un bon jarret de riche, ils ont sept-cent mille millionnaires dans l’empire du milieu… gare à l’indigestion camarades !
Au ministère de l’Intérieur aussi on fait des efforts pour éviter aux riches d’avoir à partager : traques, enfermements et expulsions des travailleur-euse-s sans-papiers, répression des mouvements sociaux, mise sous surveillance des piquets de grève par les services de renseignement et refus de «l’amnistie sociale» pour celles et ceux qui ont osé défendre concrètement l’intérêt général. Plus ça change, plus c’est pareil.
Certains riches ont tout de même frémi quand, dans une bouffée incompréhensible d’égalitarisme, pensant sûrement nous faire oublier tous ces reculs sociaux, le gouvernement nous fit grâce d’une avancée en ouvrant le mariage et l’adoption aux homosexuel-le-s. A cette occasion, l’activisme homophobe et sexiste de la droite militante depuis quelques semaines a même failli nous couper l’appétit. C’est oublié que, faute de riche, on peut aussi bouffer du réac.
Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent !
Aucun gouvernement ne nous donnera des emplois utiles et ne défendra nos libertés individuelles et collectives, depuis longtemps piétinées par les pouvoirs successifs. L’Etat maintient, renforce et légitime l’exploitation économique. Les travailleur-euse-s produisent les richesses et n’en reçoivent que les miettes. Les chômeur-euse-s sont condamné-e-s à la survie économique et à la relégation sociale tandis que les salarié-e-s sont accablé-e-s par des rythmes et des conditions de travail imposés par un management moyen-ageux. Les services publiques et la sécurité sociale sont vendus aux capitalistes. Les actionnaires ne produisent rien et raflent tout. Une fois lassé-e du riche sauce financier, on pourra toujours remettre au boulot tous ces parasites sociaux.
Pourquoi lutter ?
Les patrons ont besoin de nous, mais nous n’avons pas besoin d’eux. Le changement, si nous le voulons vraiment, ne viendra que de nos luttes. Les riches ne nous donneront rien, il faudra leur arracher le moindre progrès social qui menace leurs privilèges. Plus que jamais, le recours à l’action directe semble être la seule voie raisonnable, dans nos boîtes, nos foyers, nos quartiers et nos villes. Contre la résignation, formons et animons des sections syndicales, des comités de lutte, réinvestissons la rue et les alternatives, organisons-nous à partir de nos colères et de nos aspirations.
Pourquoi lutter ?
Quand on aura dévoré le dernier bourgeois ventru, nous n’aurons plus qu’à organiser par et pour nous-mêmes le travail que nous faisons déjà. Nos efforts et notre imagination profiteront enfin à tous-tes et pas à une poignée de nantis. Nous savons que l’égalité et une condition de la liberté et comme on est pas plus con-ne-s que les capitalistes, on est sûr -e-s d’y arriver.