Le 9 juin 2016, en plein mouvement contre la loi travail, le maire annonçait aux
grenobloises et grenoblois la mise en place du « plan de refondation et de
sauvegarde des services publics », qui n’est rappelons-le qu’un plan d’austérité
de casse du service public.
Parmi les mesures de cette politique anti-sociale : la suppression de 150
postes, l’augmentation des tarifs (piscine, bibliothèques…), la fermeture de
plusieurs équipements de quartier dont trois bibliothèques dans des quartiers
populaires et prioritaires, engendrant une forte baisse de la qualité du service
rendu aux publics et mettant à mal nos conditions de travail.
Cette situation constitue une attaque brutale et inédite, un plan social sans
précédent dans le secteur public.
Malgré l’arrivée de cette nouvelle municipalité EELV-PG , la mairie de Grenoble,
continue à être gérée comme une entreprise par un gestionnaire : les logiques
comptables et managériales ont remplacé l’idée d’un service public accessible
à tous et offrant de bonnes conditions de travail aux agent-es. La gestion se
veut autoritaire, refusant toute contestation et semant la division entre les
services. Les promesses de campagne restent des promesses de campagne.
Nous avons engagé une lutte exemplaire sans précédent à la Ville de Grenoble,
menée en intersyndicale. Cette lutte a associé habitant-es et professionnel-les,
et utilisé différentes formes : grèves, tracts, présence aux conseils municipaux,
manifestions, actions, vente de tuiles, prise de parole au Salon du livre de Paris
et rencontre au cabinet de la Ministre de la Fonction Publique… . Nous avons
lutté pendant un an pour nos conditions de travail, pour la lecture publique,
pour une qualité de service maintenue et égalitaire, contre l’abandon des
quartiers populaires.
Pendant un an, nous n’avons essuyé que mépris et entraves à l’exercice du
droit syndical de la part des élu-es : délégué-es syndicaux empêchés de siéger
aux CT (comités techniques) par la police municipale, locaux syndicaux fermés
de force lors des conseils municipaux, lettres menaçantes aux O.S., enquêtes
administratives sur les délégués syndicaux, convocations de collègues. Il n’y a
eu aucun espace de négociation possible. Les nombreuses pseudoconcertations
des habitant-es n’ont été qu’une mascarade visant à sauver
l’image de « laboratoire de la gauche » de la mairie.
Cependant, la mobilisation des agent-es et des habitant-es a permis d’éviter la
fermeture totale de la bibliothèque de l’Alliance et de sauver 4 postes.
A cela s’ajoute la violence systématique organisée lors des conseils
municipaux par une présence policière renforcée. Nous n’oublierons jamais que
le 19 décembre, alors qu’une délégation de bibliothécaires s’exprimait en
ouverture de séance du conseil, la centaine de manifestant-es venue nous
soutenir se faisait gazer et matraquer sur le parvis.
Aujourd’hui le maire et les élu-es s’affichent dans les luttes contre l’austérité
afin de se refaire une réputation, alors qu’eux-mêmes pratiquent cette
politique. Ils parlent de plan social du gouvernement pour la suppression des
contrats aidés alors que nous subissons depuis un an leur propre plan social.
Cette lutte a permis de mettre en avant le fait que la mairie saborde depuis le
début ses engagements en termes de maintien du réseau des bibliothèques,
d’employeur modèle et de démocratie participative. Au conseil municipal du 10
juillet, le maire a annulé la votation citoyenne sur les bibliothèques, réclamée
par 4500 signataires, et propose à la place une énième fumeuse consultation.
Encore une fois, les besoins et revendications exprimés par les habitant-es, les
bibliothécaires et l’intersyndicale sont bafoués au profit d’intérêts politiques.
C’est pourquoi ce soir, à ce 14ème rassemblement au conseil municipal, nous
mettons un terme à cette mascarade. Nous refusons d’être complices. Nous
refusons leur projet. Ils sont les seuls responsables de ce désastre : la mort de
trois bibliothèques et la mort de la démocratie participative.
Nous remercions tous les agent-es, habitant-es, bibliothécaires de France et de
Navarre, auteurs et illustrateurs, l’intersyndicale et tous les camarades pour
leur soutien et leur solidarité sur les actions comme dans les bibliothèques,
tout au long de cette année.
Nous ne regretterons jamais d’avoir lutté, les seuls combats que l’on regrette
sont ceux que l’on n’a pas menés.
Ce n’est pas la fin, nous continuerons à nous battre pour nos conditions de
travail et pour la lecture publique de proximité, et de qualité, pour tous.
Bibliothécaires de Grenoble en lutte
Grenoble, le 25 septembre 2017