Enfants sans toit, bilan de la rentrée 2025

Les rentrées scolaires s’enchaînent et la situation des familles, des enfants et des élèves à la rue ne fait que s’aggraver. En France en 2025, l’État responsable de l’hébergement d’urgence et les conseils départementaux responsables de la protection de l’enfance acceptent de laisser des enfants naître, vivre et mourir à la rue !

La Coordination nationale jeunes exilés en danger a recensé plus d’un millier de mineur·e·s isolé·e·s étranger·e·s, engagé·es dans une procédure en justice pour faire reconnaître leur minorité (gagnante dans la majorité des cas). Alors qu’iels devraient être protégé·e·s, iels sont laissé·e·s à la rue le temps de cette procédure, des mois durant.

Le Baromètre des enfants à la rue publié chaque année par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a recensé, à la veille de la rentrée 2025, au moins 2 159 enfants, dont 503 de moins de 3 ans, resté·e·s à la rue après un appel au 115. Soit une augmentation de 30% depuis 2022. Parmi les familles restant sans solution, de plus en plus de femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge, pourtant considérés comme “public vulnérable” par les institutions qui, comme le Conseil départemental, n’en finissent plus de restreindre leurs honteux critères de tri. Et ces chiffres ne reflètent pas la véritable ampleur du problème : beaucoup de familles n’arrivent pas à joindre le 115 ou ne l’appellent plus faute de proposition. Les mineur·e·s isolé·e·s sans abri ainsi que les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés. Auvergne-Rhône-Alpes fait d’ailleurs partie des 4 régions qui comptent le plus grand nombre de familles à la rue. 

Le collectif Morts de la rue a recensé quant à lui 31 enfants mort·e·s à la rue en 2024 parmi les 855 personnes qui y sont décédées.

La responsabilité de cette situation dramatique et scandaleuse incombe à l’absence de volonté politique des institutions et au non respect de leurs propres lois : refus de l’État de financer et ouvrir de nouvelles places d’hébergement, de créer des logements sociaux et très sociaux et de lutter contre le logement cher ; sous-financement de la protection de l’enfance dont les dysfonctionnements maltraitants ont pourtant fait l’objet de plusieurs rapports et refus de considérer la vie à la rue comme un motif de protection ; refus des mairies de s’emparer de la problématique. Les politiques et lois racistes et anti pauvres qui s’enchaînent ne font qu’aggraver la situation, réduisant les droits des personnes précaires et migrantes et conduisant à leur criminalisation.

À Grenoble et dans l’agglomération, la situation est tout aussi préoccupante. La mairie de Grenoble recense toujours 250 enfants vivant à la rue, en bidonville ou squat ou hébergé·e·s chez des tiers dans des conditions très précaires. Les familles nouvellement arrivées pour demander l’asile ont droit à un hébergement spécifique. Pourtant elles se retrouvent systématiquement à la rue plusieurs mois durant. Pour les autres familles, les propositions d’hébergement d’urgence via le 115 se font au compte-goutte et souvent dans un accueil de jour réservé aux femmes et enfants qui n’est pas un véritable hébergement. Une vingtaine de jeunes isolé·e·s en recours contre la non reconnaissance de leur minorité vivent aussi à la rue. Dès la semaine de la rentrée, sans compter les enfants vivant en bidonvilles et squats, plus d’une trentaine de familles avec enfants scolarisé·e·s dont 60 enfants à la rue étaient repérés dans les écoles. Et depuis, chaque semaine, des écoles et établissements scolaires, des parents d’élèves, des personnels, les syndicats de l’éducation nationale, des associations, des travailleurs·euses sociaux sont alerté·e·s sur de nouvelles situations d’élèves qui vivent à la rue ou sont menacé·e·s de s’y retrouver.

Pour lutter contre ce scandale, des collectifs de parents d’élèves et de personnels de l’Éducation nationale, se créent dans les écoles autour des élèves à la rue et leurs familles. Depuis le 1er septembre, 9 écoles ont déjà été occupées pour 12 familles dont 28 enfants. Ces collectifs se mettent en lien au sein de “l’Intercollectif des écoles occupées” (soutenu par le RESF 38, le DAL 38, la FCPE 38 et l’Intersyndicale “Enfants migrant·e·s à l’école” – FSU, CGT éduc’action, SUD éducation, CNT éducation). Grâce à la lutte des écoles occupées, depuis son démarrage en 2022, ce sont plus de 90 familles dont 240 enfants qui ont finalement obtenu des propositions d’hébergement de l’Etat ou du CCAS de Grenoble. C’est une victoire mais c’est encore trop peu face à l’ampleur de la situation qui exige des solutions politiques globales, dont bien sûr la réquisition de logements vides. Ce n’est pas à nous, personnels de l’Éducation nationale et parents d’élèves, de pallier les manquements des institutions. Nous rappelons que la vie dans une école n’a rien d’une vie digne et que les situations qui s’y éternisent ne sont pas tenables pour les collectifs.

Cela passe par :

  • La création de places d’hébergement d’urgence, dignes et pérennes à proximité des lieux de scolarisation des enfants ;
  • La création et l’attribution de logements sociaux ;
  • La réquisition des logements vides ;
  • Nous exigeons aussi la régularisation de tou·tes les sans papiers présent·es sur le territoire, qui vivent ici, travaillent ici, étudient ici.

Un toit, une école, des papiers pour tou·te·s !


Retrouvez tous les articles sur ce sujet et notamment le bilan des périodes précédentes en suivant les “mots clés” : sans-toit et éducation


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