23 et 25 novembre : journées de lutte contre les violences patriarcales

Le 25 novembre est la journée internationale contre les violences patriarcales. Nous appelons à rejoindre les mobilisations les 23 et 25 novembre orchestrées par l’AG féministe de Grenoble.

Appel de l’AG féministe :

En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences patriarcales, nous accusons l’État et ses politiques de nourrir et de renforcer les violences qui nous frappent. L’État ne nous protège pas ; il protège les agresseurs en reléguant notre colère à la marge et en invisibilisant et instrumentalisant nos luttes. Ce sont les femmes, les personnes LGBTQIA+, les enfants, les personnes racisées et exilé·e·s qui en paient chaque jour le prix.
Affirmons haut et fort notre solidarité entre toutes les personnes victimes de ce système oppressif. Nous nous engageons auprès des peuples Palestinien, Libanais et Kanak, cibles de violences colonialistes, avec, entre autres, les violences sexuelles comme armes de guerre. Nous appelons chacune à s’organiser localement et à renforcer la solidarité entre collectifs. Ensemble, refusons de céder du terrain, faisons entendre une parole radicale et engageons-nous pour construire un monde libéré de ces violences abjectes.

121 féminicides : c’est le nombre de femmes assassinées cette année en France, dont 85 des mains de leur conjoint ou exconjoint. Ces violences ne sont pas des « drames familiaux », elles font partie du système patriarcal, un système de domination fondé sur le genre. Cette domination patriarcale objectifie et impose un contrôle sur les corps et les vies des femmes et des minorités de genre. La domination s’exprime par la culture du viol : la minimisation et la normalisation des violences sexuelles et sexistes (VSS). Dans cette culture perdure pourtant le mythe que les agresseurs sont des monstres et des cas isolés. Mais l’agresseur n’est pas un inconnu dans une ruelle, c’est Mr Toutlemonde. Rappelons que 80% des victimes connaissent leur agresseur. Alors que ceux-ci sont protégés et excusés, la victime est silenciée, remise en cause et accusée de l’avoir provoqué : 70% des plaintes pour viol sont classées sans suite et seulement 0.7% des viols signalés font l’objet d’une condamnation en justice. Par ailleurs, le système « police justice prison » ne prend pas soin des victimes, n’empêche pas les violences d’être commises et au contraire perpétue des violences de classe, racistes et patriarcales.

Nous voulons une justice par et pour nous, qui permettrait un changement dans la société et l’arrêt des violences que nous subissons. Le système ne fait que renforcer d’autres violences dont nombreuses sont celles qui en font les frais de façon combinées : les violences racistes. Les personnes les plus condamnées et le plus durement sont toujours les mêmes : des hommes racisés et issus de l’immigration. Pourtant, dans un système patriarcal, ce sont tous les hommes qui sont sexistes et qui perpétuent des violences sexistes et sexuelles, et ce sont toutes les personnes blanches qui perpétuent des violences racistes.

Déconstruire le système patriarcale ne peut se faire sans s’intéresser à la question des enfants dans la société. Souvent présentée comme innocente et inconsciente, l’enfance heureuse n’est qu’un mythe, l’image de l’application du système reproductif sur la part de la société la moins écoutée. Le silence est particulièrement destructeur lorsqu’il concerne les violences sexuelles faites aux enfants, notamment l’inceste, qui est une réalité encore trop peu abordée et prise en compte. Chaque année, en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles 6,7 millions de Français en sont victime au moins une fois au cours de leurs vie, et dans 70% des cas ce sont des violences répétées, la plupart du temps au sein de leur propre famille, dans une dynamique de contrôle et de manipulation perpétrée par les figures d’autorité. Par ce constat, il est nécessaire que la CIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) soit rétablie et que les trois séances annuelles obligatoires d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle soit effectuée dans tous les établissements scolaires afin que les enfants puissent s’approprier leurs corps et apprendre à exercer un contrôle éclairé et autonome sur leurs choix et leurs relations. La parole des enfants est sans cesse minimisée, rendue inaudible ; réduisant toute possibilité d’acte, de faire valoir leurs limites et volonté. Dans les cas récents, le projet de loi proposé par les Républicains en mai dernier visant à limiter, complexifier voire interdire l’accès aux transitions de genre aux mineurs tout en revendiquant leur volonté de réinstaurer les centres de thérapies de conversion ne fait que rappeler que les enfants ne sont jamais considérées comme sujets de leurs propres existence et soumis à la volonté du corps social.
Nous réclamons l’autodétermination libre de tous les corps et à tout âge. Dans les quartiers populaires, la répression policière prend un tout autre aspect dès lors que les enfants de ces milieux socioéconomiques entrent en ligne de compte. Là où les minorités sont largement déshumanisées et essentialisées, les enfants sont, avant tout, désenfantisés. Ceux qui détiennent les positions dominantes les stigmatisent comme une menace en devenir, et font acte d’une violence raciste et morbide. Nous exigeons que les enfants dans la société soient considérés à leur juste place, et jamais celle à laquelle le système raciste et classiste les cantonne.

La montée de l’extrême droite dans les urnes et la nomination du gouvernement Barnier en septembre dernier nous ont montré une chose : le pouvoir en place n’est pas et ne sera jamais notre allié. Les membres du gouvernement ont personnellement adopté des positions antiIVG, voté contre le mariage homosexuel, contre la dépénalisation de l’homosexualité et soutiennent plus que largement les projets de lois transphobes. L’état sexiste est aussi raciste et islamophobe. Les différentes lois contre l’immigration ou l’interdiction du port de l’abaya montrent la volonté contrôler et restreindre les femmes musulmanes dans l’espace public mais aussi dans leur intimité. L’État soutient donc une pseudolibération du corps des femmes, mais seulement des femmes correspondant aux normes occidentales et chrétiennes.

Les fascistes veulent maintenir une société normative centré sur la famille nucléaire cisgenre et hétérosexuelle. La bourgeoisie est une classe qui prospère en exploitant la force de travail des prolétaires, en particulier celle des prolétaires racisé·e·s. Cette exploitation est soutenue par le travail reproductif des femmes, souvent gratuit, auquel la bourgeoisie veille en préservant le système cishétérosexuel. La militarisation de la jeunesse, la destruction des services publics et l’argumentaire du « réarmement démographique » s’inscrivent dans une volonté de contrôler nos corps et de détruire nos droits afin de maintenir en place ce système patriarcal et impérialiste.

Face à cette radicalisation de la droite, de plus en plus de courant politiques, dont le pouvoir en place, se revendiquent comme la barrière à la fascisation de la société par l’apport de mesures prétendument progressiste mais qui se révèlent tout aussi raciste, classiste et réactionnaire. Par la mise en avant de figures se présentant comme féministes, ils tentent de se dédouaner de leurs réelles motivations. Ces pseudo féministes racistes qui militent contre l’immigration et pour la suprématie blanche, ce ne sont pas nos alliées et ce qu’elles portent n’est en aucun cas du féminisme.

Ces rhétoriques racistes présentent les femmes racisées comme victimes par défaut, en les opposant aux femmes blanches « libérées » et en invoquant une mission civilisatrice censée les protéger. Ce faisant, ce fémonationalisme justifie des politiques restrictives et racistes sous couvert de protection des droits des femmes, tout en évacuant, si ce n’est en accusant, la question de l’égalité et de l’inclusion réelle des femmes racisées et migrantes et souvent aussi celle des travailleur∙euses du sexe et des minorisé·e·s de genre.

Là où la peur a des raisons légitimes de prendre place, par les catastrophes climatiques, le recul des droits, l’émigration forcée, la droite multiplie les paniques morales autour de la remise en cause des structures sociales et des pouvoirs patriarcaux au sein de l’état, de la familles cishétéronormative, des identités nationales de suprématie blanches et de nationalisme chrétien.

Les pouvoirs en place se servent des luttes féministes pour oppresser les peuples ici comme ailleurs. La Palestine est présentée comme un espace hostile pour les femmes et les minorités de genre plaçant l’État génocidaire d’Israël comme sauveur et représentant de la démocratie au Moyen-Orient. L’État français instrumentalise les droits des minorités pour maintenir les intérêts politiques et commerciaux avec l’État colonial israélien, justifiant ainsi le génocide en Palestine.

Mais rien ne justifie un génocide. Notre féminisme est et sera toujours anticapitaliste, anti-impérialiste et anticolonialiste, ici et ailleurs. Un féminisme qui n’est pas antiraciste ne servira que les femmes blanches et des classes supérieures.

L’Etat utilise aussi le corps des femmes comme outils de maintien du néocolonialisme : en France métropolitaine, Macron appelle à un réarmement démographique, tandis qu’à Mayotte, des femmes sont stérilisées de force. L’objectif est clair : accentuer le contrôle sur les populations marginalisées pour servir le projet de société raciste et islamophobe.

En Kanaky, la domination patriarcale est renforcée par le passé coloniale et par les logiques néocoloniales, où les structures de pouvoir perpétuent le contrôle à la fois ethnique et sexuel. La lutte féministe dans ce contexte ne se limite donc pas à une simple quête de parité, mais inclut la déconstruction d’un ordre social façonné par le colonialisme.

Le féminisme naît des vécus, des expériences de celles et ceux qui affrontent au quotidien des systèmes oppressifs, et qui, malgré tout, résistent et s’organisent. Face aux violences sexistes, incestueuses, racistes, transphobes, transmisogynes et aux injustices sociales, il ne suffit pas de proclamer des principes d’égalité : nous devons agir. Ce féminisme radical doit transformer les structures en s’organisant par des actions concrètes et solidaires :

Nous affirmons un féminisme qui refuse de laisser quiconque sur le bord du chemin. Chacun·e a un rôle à jouer, construisons ensemble un féminisme solidaire, révolutionnaire, qui place l’émancipation des plus opprimé·e·s au coeur de ses combats.

À Grenoble, la CNT s’organise au sein de l’AG féministe avec de nombreuses autres associations.
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