L’école du gouvernement : le tri social des élèves

Après la journée de grève du mardi 19 mars, le mouvement dans l’éducation s’organise à Grenoble à travers différents types d’actions : grèves, AG d’agglo ou de secteur, tractage aux parents d’élèves, tournées d’écoles et d’établissements pour rencontrer les collègues, réunions d’informations, opérations « collèges morts »… Il nous est difficile ici d’annoncer, et même de recenser toutes ces actions car elles se réfléchissent, se mûrissent et s’expriment sans que nous ayons le temps de communiquer, trop pris·es par la lutte.

Si vous souhaitez des informations ciblées, rejoindre le mouvement, n’hésitez pas à nous contacter : ou 04 58 00 31 46, laissez un message sur le répondeur.

Pour expliquer ce mouvement aux parents d’élèves, voici une lettre que nous leurs distribuons :

Nous nous mettons une nouvelle fois en grève pour défendre le service public d’éducation. Face à la gravité des attaques contre l’école, nous considérons que nous n’avons pas le choix.

Pour obtenir les budgets nécessaires pour un véritable service public d’éducation dans l’intérêt de tou·te·s : pas d’économies sur le dos des élèves et des personnels!

Comme pour l’hôpital et les autres services publics, la baisse du budget de l’éducation (700 millions d’euros prochainement) nous empêche d’accomplir correctement nos missions au service des élèves. Or la France est déjà un des pays de l’union européenne où le nombre d’élèves par professeur·e est le plus élevé.

Les choix budgétaires du Ministère ne répondent pas aux besoins des personnels et des élèves. À titre d’exemple, le budget annuel pour généraliser les uniformes et le Service national universel (SNU), projets inutiles, est estimé à 4,5 milliards d’euros. Avec la même somme le gouvernement pourrait créer 130 000 postes d’enseignant·e·s. Avec la moitié de cette somme il pourrait augmenter le salaire mensuel de tou·te·s les AED (personnels de vie scolaire) et AESH (accompagnant·e·s d’élèves en situation de handicap) de 800 euros. Sachant qu’aujourd’hui le salaire moyen d’un·e AESH est autour de 900 euros.

Les choix budgétaires du Ministère ont des conséquences immédiates dans la vie à l’école : absences d’enseignant·e·s non remplacé·e·s, effectifs surchargés, réseaux d’aide spécialisés aux élèves en difficultés (RASED) incomplets, manque de psychologues, médecins et infirmier·e·s scolaires, manque d’AESH, manque d’enseignant·e·s UPE2A (pour les élèves non francophones), etc.

Nous avons la volonté de faire de l’école un lieu au sein duquel chaque enfant, quels que soient ses besoins, aura les mêmes conditions d’accès au savoir. Mais cela ne pourra passer que par la baisse des effectifs par classe et le recrutement d’enseignant·e·s (notamment remplaçant·e·s, RASED, UPE2A), de personnels médico-sociaux, d’AESH, etc.

Beaucoup de personnels précaires travaillent au service des élèves : nous revendiquons la titularisation de tous les personnels précaires en poste ainsi qu’un vrai salaire et un vrai statut de la fonction publique pour les AESH (accompagnant·e·s d’élèves en situation de handicap) et les AED (personnels de vie scolaire).

Nous ne voulons pas du Pacte enseignant et de sa logique de “paye au mérite et à l’obéissance” qui mettent les personnels en concurrence, nous demandons de véritables augmentations de salaire pour tou·te·s.

Nous ne voulons pas des évaluations nationales et des manuels imposés qui réduisent notre liberté pédagogique, seule condition pour que nous puissions nous adapter à nos élèves. Nous ne voulons pas de classes surchargées, d’élèves maltraité·e·s faute des conditions favorables pour les accueillir avec leurs besoins spécifiques. Nous ne voulons plus d’élèves qui dorment dehors avec leurs familles ou dans des hébergements insalubres alors que 3 millions de logements sont laissés vides. Nous ne voulons pas des groupes de niveaux au collège qui trient les élèves, stigmatisent les élèves en difficultés et leur promettent un avenir tout tracé d’échec scolaire et d’orientation subie. Nous ne voulons pas d’uniforme car nous aimons la diversité. Nous ne voulons pas de la mise au pas des élèves avec la généralisation du SNU. Nous ne voulons pas de la réforme du lycée professionnel qui fait perdre qualité et quantité d’enseignement aux élèves. Nous ne voulons plus de Parcoursup : chronophage, anxiogène avec lequel seul·e·s les plus favorisé·e·s économiquement et culturellement gagnent et font les études souhaitées.

Le système éducatif français figure parmi les systèmes les plus inégalitaires au niveau international, c’est-à-dire que l‘école française fait réussir les élèves issu·e·s des milieux les plus favorisés et laisse les autres sur le côté. Ce n’est pas notre projet, c’est contraire à ce pourquoi nous faisons ce métier. Ce que nous voulons, c’est une école égalitaire, émancipatrice et solidaire, pour tou·te·s, qui éduque, transmet des savoirs, éveille, rend autonome, apprend aux élèves à vivre et construire ensemble avec les différences de chacun·e.

Les personnels de l’Éducation nationale en grève

Retrouvez l’appel à la grève et manifestation du 19 mars : “Pour sortir de l’impasse, il faut briser les murs” > https://ul38.cnt-f.org/2024/03/09/education-pour-sortir-de-limpasse-il-faut-briser-les-murs/
Et l’appel aux actions, grèves et manifestations du 1er et 2 février : “Face à une école inégalitaire” > https://ul38.cnt-f.org/2024/01/25/education-en-greve-des-le-1er-fevrier-face-a-lecole-inegalitaire-et-autoritaire/


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