Manque de moyens pour les élèves allophones

L’article ci-dessous est extrait de la gazette de l’Intersyndicale enfants migrant·es ? À l’école ! dont fait partie la CNT.

Les élèves exilé·es qui arrivent en France ont bien heureusement le droit d’aller à l’école, tout en rejoignant, pour les élèves allophones, un dispositif qui leur permet d’avoir des heures de FLE (Français langue étrangère) : les UPE2A (Unités pour élèves allophones arrivants).

La circulaire du 12 octobre 2012 réglemente que « L’école est un droit pour tous les enfants résidant sur le territoire national quels que soient leur nationalité, leur statut migratoire ou leur parcours antérieur, [qu’elle assure] les meilleures conditions de l’intégration des élèves allophones arrivant en France [et qu’elle] doit être vécue comme un lieu de sécurité par ces enfants et leurs familles, souvent fragilisées par les changements de leur situation personnelle. » Elle stipule que « Au cours de la première année de prise en charge pédagogique par l’UPE2A un enseignement intensif du français d’une durée hebdomadaire de 9 heures minimum dans le premier degré et de 12 heures minimum dans le second degré est organisée avec des temps de fréquentation de la classe ordinaire où l’élève est inscrit. »

Dans les faits, dans le premier degré (les écoles primaires), le manque d’enseignant·es est criant. En Isère, pour 636 élèves identifié·es comme allophones répartis sur 174 écoles, il y a seulement 26 enseignant·es de FLE (dont certains à temps partiels non complétés). Cela signifie que chaque enseignant·e à plein temps devrait couvrir 7,25 écoles avec une moyenne de 26,5 élèves. Le service devant élève étant de 24 h, cela fait au mieux 3,5 h d’intervention dans chaque école. Cela signifie que les élèves allophones d’une école n’ont cours de FLE qu’une demi-journée sur les 3 auxquels ils et elles ont droit, et ont peu de suivi. Il faudrait donc doubler le nombre d’enseignant·es UPE2A pour couvrir l’ensemble des besoins.

Dans le second degré (collège et lycée), les récentes réformes ont des conséquences négatives pour le bien-être et la scolarité des élèves. Les élèves exilé·es arrivé·es en France depuis l’été, ont attendu parfois octobre avant d’être affecté·es à un établissement. Depuis cette année, les élèves allophones sont parfois scolarisé·es dans un établissement scolaire le matin pour des cours de FLE, puis dans un autre l’après-midi pour les cours “ordinaires”. Rien n’est mis en place pour le transport, ni pour le suivi pédagogique. De ce fait, il arrive que des élèves ne suivent que 2 h sur 4 h dans certaines disciplines. De plus, tout est misé sur le FLE, mais les élèves n’ont plus de cours de mathématiques adaptés à leur niveau. Cela signifie que certain·es élèves apprennent à lire et à écrire, mais pas à compter. Qui pourrait poursuivre sa scolarité dans ces conditions ?

Que ce soit dans le 1er ou 2nd degré, les cours de FLE, si indispensables à un accueil de qualité des élèves allophones dans le système scolaire, s’arrêtent lorsque les professeur·es UPE2A sont absent·es, car JAMAIS remplacé·es.


Vous pouvez retrouver l’intégralité de la gazette de l’Intersyndicale enfants migrant·es ? À l’école ! sur notre site.
Elle propose en plus de l’article ci-dessus :
— un article sur la loi Darmanin – que vous pouvez compléter avec la lecture de l’appel national ;
— un article sur le manque de personnel médico-social ;
— un article sur la situation des élèves à la rue – que vous pouvez compléter par la lecture du bilan de situation de cette fin d’année 2023.


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