Éducation : lisez “Classes en Lutte” !

Les syndicats de l’éducation, réunis au sein de la fédération CNT des travailleurs·euses de l’éducation, publient “Classes en lutte”, journal bimestriel dont voici le nouveau numéro.

À Arras, il a suffi que le fascisme théologique arme le bras d’un faible d’esprit pour que la mort s’abatte, une fois de plus, sur un de nos collègues. Il a suffi que les charognards de la politique professionnelle qui font commerce du fascisme patriotique instrumentalisent ce meurtre pour ajouter l’indignité à la douleur et à la révolte qui nous saisissent. En ce retour de vacances, la guerre de Gaza fera aussi des remous dans nos classes. Là bas aussi, les fascismes prennent en otage les populations, là bas, en revanche, les morts se comptent par milliers. L’école n’est pas un sanctuaire et les tempêtes sociales et politiques ne peuvent que la mettre à l’épreuve.

Nous aurons donc encore à colmater des plaies sans y parvenir, car non, les profs ne sont pas des héros. Nous essayons, comme tous les travailleurs et toutes les travailleuses, d’éduquer, de soigner, de nourrir, de fournir les services aux populations pour que nous puissions, chaque jour, vivre ensemble. Les “premières lignes” sont toujours là. Les “premiers de cordées”, eux, font des phrases et se nourrissent de toutes les opportunités. Dans les discours bouffis d’outrances solennelles, tout a été promis à cette école “toujours debout”. Mais les mots ne coûtent pas cher.

Si l’éducation est un “rempart” contre tous les obscurantismes, il faut renoncer aux suppressions de postes qui figurent au budget cette année, au dévoiement des missions à coup de “pacte”, à la relégation des enfants des classes populaires par la vente à la découpe du lycée pro, au rationnement des places en fac et au très sélectif parcoursup, à la déshumanisation chaotique du lycée par le bac Blanquer.

Si l’esprit critique, la démocratie, la liberté ou l’égalité doivent s’incarner dans l’institution qui prétend les enseigner, alors il faut se débarrasser de la compétition éducative pilotée par évaluations, il faut arrêter de chercher une quelconque efficacité pédagogique dans les procédures stéréotypées et les injonctions “neuroscientifiques” à exécuter mécaniquement, il faut rendre aux personnels leur autonomie professionnelle en reconnaissant leur expertise et la liberté de choisir leurs formations en fonction des besoins qu’ils et elles auront eux-mêmes identifier, il faut permettre les avis et débats contradictoires au sein des établissements plutôt que de chasser, dans les pensées encore en construction de nos élèves, les traces de déviance à “signaler”. Il faut renoncer à l’embrigadement militariste de la jeunesse par le SNU. Il faut abroger la loi Rihlac qui installe, dans les écoles, le pouvoir d’un-e seul-e en lieu et place d’une gestion démocratique…

Surtout, si l’école doit être le ciment de la cohésion sociale, il faut d’urgence arrêter de la mettre au centre de polémiques délétères qui organisent l’exclusion, la division et les discriminations, qui exacerbent les tensions et exposent les personnels, comme ce fût le cas à la rentrée avec l’abaya. Nous n’avons pas besoin d’uniforme, nous avons besoin de dialogue et de temps nécessaire pour construire et accompagner les raisonnements. Les préjugés et les obscurantismes idéologiques ou religieux se déploient à l’école comme partout mais, dans un lieu éducatif, on ne combat pas l’ignorance et la violence à coups de menton ou de convocations au commissariat. Par ailleurs, nous ne voulons en aucun cas travailler dans des bunkers sécurisés, et nous ne réclamons aucune inflation de portiques, de caméras, de grillages ou de fouilles de sacs. Nous savons qu’en abdiquant une part de notre liberté sous prétexte de sécurité, nous n’aurons ni l’une ni l’autre.

Blanquer nous méprisait, Attal nous hypnotise mais nous avons appris à nous méfier de la réécriture constante de la réalité par la communication ministérielle. “L’école de la confiance” a pris la forme de l’école de la contrainte, “l’école inclusive” continue d’exclure et d’abîmer les élèves et les personnels à coup de pénurie et de précarité, l’émotion qui a suivi le suicide de C. Renon a accouché de la caporalisation de la fonction de direction par la loi Rihlac, “l’école du futur” et ses “pactes” sont une ubérisation du métier d’enseignant digne du salaire à la tâche du 19e siècle, la “revalorisation historique” ne compense pas l’inflation et reste en dessous des hausses de salaires du secteur privé pour la même période, la “lutte contre le harcèlement” se transforme en audit managérial comme si on réglait un problème aussi complexe à coup de procédures et QCM… En plus de notre travail toujours plus difficile, nous devrons, encore, neutraliser les lubbies technocratiques de nos supérieurs toujours plus toxiques.

PRÉAVIS DE GRÈVE
La CNT Éducation dépose chaque semaine des préavis de grève pour soutenir les mobilisations des personnels. Ces préavis couvrent tous les personnels au niveau local comme national. Ces préavis peuvent servir à défendre des élèves menacés d’expulsion pour défaut de papiers.


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