Ce samedi 27 mai, la caravane du SNU devait s’installer à Grenoble. Et effectivement, sur le lieu annoncé, l’Anneau-de-vitesse, des barrières furent installées, du “mobilier urbain de sécurité” fut déployé pour accueillir cette fameuse caravane. Le rendez-vous était donné pour 10h, nous allions voir la force militaire française portant haut l’étendard de la soumission de la jeunesse !
Mais dès 9h, voici qu’une centaine de militant·es repoussa ce mobilier sécuritaire au profit de filets de volley et autres joyeusetés. 10h, à part le soleil annonçant la canicule estivale dont se fout éperdument le gouvernement, rien ne vain en terme de képis, rangers, casquettes bleues et cocardes tricolores.
La caravane du SNU à Grenoble a été annulée !
Et pour fêter cette victoire sur l’appel à la soumission lancé par le gouvernement et l’armée, voici un texte d’analyse de ce SNU que l’on doit à la Fédération CNT des travailleuses et travailleurs de l’éducation :
La jeunesse au garde à vous !
La réforme du bac, parcoursup, la répression policière lors des blocages des lycées et mouvements sociaux… autant de moyens de mettre la jeunesse au pas. Le Service national universel (SNU) n’est qu’une attaque supplémentaire qui vise à inculquer un esprit d’obéissance aux règles. Ces mêmes règles qui créent et augmentent les inégalités dans la société. Pour contrôler toujours plus, le SNU permettra le fichage de tou·te·s les jeunes de 16 à 25 ans.
TRAVAIL GRATUIT
Après 12 jours de levers de drapeaux au son de l’impérialisme français, les jeunes seront exploité·e·s de 2 semaines à 12 mois dans ce que le gouvernement appelle “l’engagement volontaire”.
Sous couvert d’intérêt général, les jeunes du SNU seront utilisé·e·s pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des personnes qui ont un salaire et des droits individuels et collectifs.
Encore une façon d’habituer la jeunesse à la précarité.
Le gouvernement n’a qu’à mettre le nez dehors ces derniers temps pour voir que la jeunesse ne manque pas de combat ni d’engagement.
L’ARGENT DE L’ÉDUCATION POUR LES MILITAIRES
La mise en place du SNU coûterait au moins 2 milliards d’euros par an payé par l’éducation nationale au bénéfice des militaires.
Cette dépense est indécente quand on voit comme le gouvernement siphonne les différentes caisses de la sécurité sociale (retraite, maladie, etc.) et du chômage.
Ces milliards seraient bien plus utiles pour les services publics de l’Éducation, de la Santé et du Travail social, qu’aux mains des militaires !
UN DISCOURS CREUX, UN CASERNEMENT DANGEREUX
Pour Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée à la jeunesse et au SNU « être contre le SNU c’est être contre la mixité sociale, la cohésion nationale et l’émancipation des jeunes ».
C’est oublier que le casernement (on dit séjour de cohésion) d’un mois est encadré par des militaires. L’uniforme, les parcours du combattant, les formations sur la défense et la sécurité intérieure, etc. : voila le kit d’endoctrinement qui permet de banaliser le rôle de l’armée.
Après ça tout devient acceptable, aussi bien le contrôle des frontières que les opérations visant à détruire les bidonvilles et en expulser les habitant·e·s à Mayotte.
Au programme c’est des pompes en pleine nuit comme punition collective, des malaises après plusieurs heures de garde à vous, une simulation de fusillade… on aura vu mieux en matière d’émancipation.
Macron déclare « je sais pouvoir compter sur les militaires et les anciens militaires pour faire face au défi de renforcer les forces morales de la nation, en particulier de la jeunesse. »
En réalité, c’est pas la peine de caricaturer les militaires, ils s’en chargent eux-mêmes.
Une enquête administrative vise deux militaires chargés de l’encadrement de volontaires (dont 37 % d’enfants de militaires ou de flics) d’un stage pour des faits rapportés de harcèlement sexuel, d’agression et de racisme
LA TOURNÉE EXPÉRIENCE DU SNU : UN FIASCO GÉNÉRALISÉ
Pour faire la pub de ce service militaire relooké, le gouvernement lance la tournée de sa caravane de promotion à travers toute la France, en plein mouvement des retraites. De mars à juin, il n’y a pas une ville où elle a tenu face aux manifestant·e·s venus en nombre exprimer leur opposition à ce projet de mise au pas de la jeunesse. On a vu des campements vides, pliés au bout de quelques heures.
L’opposition au SNU est sous les projecteurs, le gouvernement n’a pas honte et maintient la tournée.
RECULER POUR MIEUX PASSER EN FORCE
Comme avec les 49.3 et la répression, on connaît le penchant de la macronie pour le passage en force. Face au mouvement social et la peur d’un embrasement de la jeunesse, le gouvernement a reculé sur l’obligation du SNU.
Malgré tout ce que racontent Macron et ses sbires, l’objectif est de le rendre obligatoire. Dès la rentrée prochaine, le SNU devrait être généralisé progressivement par le lycée et des classes à projet. Après les mensonges voici le chantage.
La carotte, c’est pour les personnels de lycée qui engageront leur classe sur 12 jours de caserne et seront « récompensés par le pacte ». C’est pour les élèves volontaires des avantages dans parcoursup.
Le bâton c’est la mort sociale pour celui ou celle qui refusera par tout un arsenal de mesures : l’impossibilité de passer le bac, le permis, de s’inscrire à la fac ou de présenter un concours de la fonction publique.