En ce premier mai 2023, et depuis 3 mois et demi, nous menons une lutte massive contre la réforme des retraites et toutes les lois brutales, régressives et répressives du pouvoir.
Ci-dessous, retrouvez la prise de parole de la CNT à l’issue de la manifestation. Prise de parole finalement empêchée par les nuages de lacrymogènes et les violences répressives entreprises à proximité directe de l’Anneau de vitesse, dans le parc Paul-Mistral, où se finissait la manifestation et où étaient installés de très nombreux stands d’organisations. Aux blessé·es, aux arrêté·es, nous apportons ici tout notre soutien et condamnons la répression d’une police qui par essence est aux ordres de la Préfecture, représentante directe du gouvernement.
Et pourtant on en est encore là. Parce que toutes nos mobilisations de témoignage, Macron s’en tamponne, et il nous crache même encore son mépris au visage par-dessus le marché ! À l’écouter nous n’avons aucun droit sur nos propres vies ! Nous n’aurions qu’à courber la tête et tout accepter sans discuter ! Alors même que lui et sa classe creusent eux-mêmes leurs fameux trous budgétaires et volant NOS cotisations pour financer LEURS profits.
Car salariés ou non, payés ou pas, qu’on se le dise, encore et encore : c’est bien nous toutes et tous qui produisons tout ! La seule chose à quoi travaille un capitaliste, c’est à la reproduction de son propre pouvoir sur nous. Nous n’avons pas besoin d’eux !
Aujourd’hui, force est de le constater : le pouvoir ne discute plus. Il se contente d’imposer, et il s’en donne les moyens répressifs. Quoi qu’on puisse en penser, s’il suffit que Macron ferme sa porte à l’intersyndicale pour que cette dernière en soit réduite à l’impuissance la plus totale, c’est que la mascarade du dialogue social n’a que trop duré. Et de fait, la posture cogestionnaire ne pouvait mener qu’à une impasse, car pour avoir un intérêt aux yeux du pouvoir, encore faudrait-il qu’elle représente une alternative à une menace plus sérieuse.
Par ailleurs, il serait tout aussi vain d’espérer quoi que ce soit d’un changement de dirigeants politiques. Qu’on ne s’y trompe pas, ce que nous connaissons aujourd’hui n’est pas un problème de personne, si abjects que soient Macron et ses sbires, leur attitude n’est que la cristallisation visible de l’état du rapport de force dans notre société. Car l’État tout entier, avec ses règles, ses procédures et ses institutions, n’est conçu que pour servir les intérêts du Capital. Et espérer que cet État puisse servir d’autres buts, c’est au moins aussi con qu’espérer qu’un bon mécano suffirait à faire tourner un moteur de bagnole avec de l’eau. Il est temps de se rendre compte que ça ne marche pas comme ça, et que c’est tout le moteur de cette société de merde qu’il s’agit de changer, une bonne fois pour toutes !
Ainsi, il nous faut donc compter sur nos propres forces, et affirmer nos perspectives révolutionnaires. Notre problème, ce n’est pas que Macron serait trop méchant, c’est que nous, nous sommes trop gentils ! Il n’est que temps de nous souvenir, en ce premier mai 2023, que nos acquis sociaux, qu’on achève à présent de liquider, n’ont été conquis que par le rapport de force. Comme ce fut le cas lors de l’application du programme du CNR, quand une bourgeoisie massivement ralliée au fascisme, s’est trouvée dans le camp des vaincus et dû céder face à une Résistance en grande partie révolutionnaire, armée et consciente de sa force.
Soyons lucides ; si nous subissons à présent un risque de destruction totale de la planète, de nos conditions de vie et de travail, nous le devons à une logique d’ensemble, une logique de prédation généralisée et aveugle : la logique capitaliste ! Trop longtemps, entraînés par les médias chiens de garde, nous en avons été réduits à penser le monde à travers le prisme de cette logique, nous aussi. On nous a infligé l’hégémonie d’un vocabulaire répugnant, on a osé nous dire que nous devions apprendre à nous « vendre », et hélas ce n’était pas qu’une formule.
C’est seulement lorsque nous renonçons à affirmer nos propres valeurs, c’est uniquement lorsque nous échouons à penser avec nos propres mots, que le cadre posé par l’État capitaliste nous semble indépassable. Mais il ne l’est pas ! Nous pouvons, nous devons, redéfinir ensemble la manière dont nous voulons vivre. Ne déléguons pas le soin de penser nos perspectives politiques à ceux qui voudraient nous gouverner : car ce que nous voulons, c’est à nous de le décider ! Et de le mettre en place ! Par l’autogestion ! Car personne, jamais, ne le fera à notre place !
Et d’ici là, à nous de construire partout des espaces d’émancipation et de solidarité, dans nos entreprises comme dans nos quartiers. Des espaces où il n’y a pas de dogmes, pas de chefs, dans lesquels on peut compter les uns et les unes sur les autres et où la lutte peut s’enraciner !
Tel est le véritable pouvoir du syndicalisme, lorsque celui-ci est révolutionnaire ! Il nous donne les outils pour gérer la société nous même, selon nos propres valeurs et nos propres besoins ! Il nous ouvre la voie vers une révolution qui ne serait pas qu’un simple changement de maîtres, mais qui serait une révolution sociale, capable de refonder le monde SUR NOS PROPRES BASES !
La voilà la perspective de la lutte sociale et syndicale, la voilà l’alternative à ce monde qui crève sous nos yeux et qui voudrait nous entraîner avec lui. Et bon sang, il nous semble qu’il y a là de quoi justifier toutes nos luttes et toutes nos peines.
Pour l’abolition du capitalisme et de la république bourgeoise !
Révolution, réquisition, autogestion !
Et ici, le texte du tract que nous avons distribué en ce 1er Mai :
https://ul38.cnt-f.org/2023/04/29/1er-mai-passons-le-capital-a-la-casserole/