On connaît l’adage : « la démocratie, c’est “cause toujours…”, la dictature, c’est “ferme ta gueule” ». Entre mépris et répression, Macron nous fait, encore, du “en même temps”.
Causez toujours, les syndicats, avec vos manifs massives, vos arguments économiques et sociaux implacables, vos “contre propositions”, votre unité inébranlable, vos piquets de grève et vos journées d’actions qui finiront, évidemment, par “s’essouffler”, après 4 mois de grèves marathon.
Fermez vos gueules, les manifestant·e·s, à coup de LBD, de grenades de désencerclement à la TNT, d’arrestations préventives, de dissolutions d’associations écolo repeintes en “éco-terroristes”, de réquisitions de grévistes, d’amendes et de coups de matraques…
Une moitié des mécontent·e·s à l’hôpital, l’autre moitié au tribunal, histoire que la troisième moitié rentre à la niche, c’était déjà la méthode utilisée pour enterrer les gilets jaunes, les grosses ficelles sont celles qui cassent le moins.
Puisque la vérité est révolutionnaire et que les faits sont têtus, la “pédagogie” du gouvernement a fini de discréditer sa réforme inique. Hormis quelques menteurs ministériels rémunérés, plus personne n’ose se planquer derrière “la dette que nous allons laisser à nos enfants” pour défendre le braquage de nos retraites par une poignée de DRH à la solde de la bourgeoisie. À l’instar de la dernière prix Nobel d’économie (Esther Duflo), les travailleuses, les travailleurs, chômeuses, chômeurs, précaires, étudiant·e·s, retraité·e·s solidaires, chacun, chacune est convaincue que cette réforme se fait sur le dos des plus pauvres, et le dos des plus pauvres, après 40 ans de flexibilité managériale, ne peut plus plier sans rompre.
Pourtant, la situation est excellente…
La situation est excellente car les dernières illusions ont définitivement disparues. Démocratie, suffrage universel, état de droit, justice indépendante, séparation des pouvoirs, dialogue social, unité nationale, intérêt général… Tout le décorum républicain bourgeois a été passé au karcher par la macronie pour ne laisser, sous nos yeux désormais ouverts, que les rapports bruts qui structurent notre bonne vieille société capitaliste : les rapports de classes. Le conseil constitutionnel vient encore de montrer à quel point le sommet de l’État et de la bourgeoisie se sont radicalisés. Ils ne comptent plus rien laisser aux travailleurs et aux travailleuses, sans même faire semblant de leur concéder quelques miettes. Quand il s’agit de défendre les intérêts des dominants, le pouvoir peut passer de la démocratie à l’autocratie, les anarcho-syndicalistes l’ont toujours dit : la preuve est faite.
L’État contre la société
Reste un pouvoir politique isolé, calfeutré, contraint d’éviter toute possibilité de rencontre avec le quidam à chacun de ses déplacements. Alors que Macron gesticule pour essayer de “tourner la page” des retraites, ses ministres nous balancent leurs crachats contre les immigré·e·s et les allocataires du RSA pour essayer de nous diviser.
C’est la violence continue, un coup de force de plus dans une succession d’autres. Il renforce encore notre colère et vient confirmer une fois de plus la donnée la plus importante peut-être de ce mouvement : la lutte des classes est violemment de retour et c’est leur monde qui est en train de s’effondrer.
Le fascisme en coulisse
Presque 100 ans après, la célèbre citation de Gramsci décrit la situation présente avec une actualité mordante. « Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres. » Si le vieux monde n’entend plus rien nous laisser, il utilise désormais les armes des régimes autoritaires et réactionnaires. Même si “les monstres” de l’extrême droite “officielle” ne sont pas formellement au pouvoir, l’extrême centre qui nous gouverne est en train de jeter les bases d’un régime où le fascisme affleure de plus en plus distinctement.
Et dans la situation présente, il est clair que l’option fasciste constitue la porte de sortie idéale pour… la bourgeoisie. C’est cette bourgeoisie qui mettait Gramsci en prison et criait, en même temps, « plutôt Hitler que le Front Populaire ! ».
La société contre l’État
Le mouvement contre la réforme des retraites nous permet de prendre conscience de notre force, de renforcer nos liens et nos organisations syndicales. Il contribue aussi à reconstruire un imaginaire social puissant et la conscience désormais bien établie que, puisqu’il est toujours plus invivable, leur vieux monde, on n’en veut pas. On n’en veut plus. Ça n’est plus un slogan de manif, mais une conscience de classe qui reprend vigueur, se diffuse et s’accroît.
Nos conditions de travail pourries, nos salaires de misère, la casse toujours plus méthodique de nos outils de travail, de la sécu et de nos services publics, le harcèlement des personnes racisé·e·s, la guerre aux pauvres, aux chômeuses, aux chômeurs, toutes ces fatigues qui ne cessent plus de s’aggraver, on n’en veut plus.
Ils ne nous lâchent plus une miette, reprenons toute la boulangerie !
L’augmentation conséquente des salaires et des minimas sociaux, la réappropriation des caisses de la Sécurité sociale (retraite, maladie, chômage), des services publics, et leur gestion par et pour les travailleurs
et les travailleuses, la diminution du temps de travail et l’abaissement de l’âge de départ à la retraite, la démocratie directe et l’autogestion partout où nous pouvons les instaurer.
LUNDI 1er MAI
Nous vous invitons à rejoindre notre cortège
10h gare de Grenoble, cours Alsace-Lorraine
Stand en fin de manif à l’Anneau de vitesse
À l’occasion de la manifestation du 1er Mai, le cortège de la CNT 38 sera présent au sein du “cortège révolutionnaire unitaire”. Celui-ci rendra visible le pôle de lutte radical que nous animons collectivement dans le cadre de cette mobilisation contre le pouvoir en place, contre ses réformes brutales, et plus largement le monde capitalisme qu’il sert.
Pour la CNT, notre présence dans ce cadre unitaire est doublement chargée de sens : il s’agit d’abord d’affirmer que le mouvement social actuel doit assumer un rapport de force direct et massif s’il veut être victorieux. Le temps des illusions du dialogue sociale est derrière nous, il s’agit maintenant d’en tirer les conséquences !
De plus, rappelons que la journée de lutte des travailleuses et travailleurs trouve son origine dans l’anarcho-syndicalisme et sa brutale répression à la fin XIXe siècle. La CNT est porteuse de cette histoire des luttes ouvrières révolutionnaires, dont les idéaux résonnent aujourd’hui plus fort que jamais.
C’est par la grève générale, la réappropriation des moyens de productions et des lieux de vie et leur autogestion par toutes et tous que nous gagnerons la liberté ! Et le syndicalisme tel que nous le comprenons et le pratiquons est notre meilleure arme dans cette lutte !