Prise de parole CNT, contre la réforme des retraites

La CNT, par la voix de ses syndiqué·es, prend la parole lors des manifestations et rassemblements, notamment au micro de l’intersyndicale Isère. Ici le texte d’une de ces prises de paroles :

« Ne parlez pas d’acquis sociaux car la bourgeoisie ne désarme jamais… » nous prévenait déjà Ambroise Croizat, le syndicaliste CGT métallo et ministre du travail artisan de la mise en place de la Sécu entre 1945 et 1947.

Le patronat ne désarme jamais, on a eu, depuis 30 ans, une réforme des retraites tous les 4 ou 5 ans.
Et les armes de la bourgeoisie, on les connaît, elles sont toujours les mêmes : le mensonge sur la “sauvegarde du système par répartition“ et la novlangue caricaturale des managers et des bonimenteurs qui martèlent sur tous les plateaux que cette réforme est juste et courageuse.
Comme pour les réformes de Sarkozy, Touraine et les autres, rien n’est vrai dans le discours du gouvernement, car ces gens se foutent complètement de la solidarité, ils préfèrent la concurrence de tous contre tous, ces gens se foutent complètement du sort des travailleuses et des travailleurs, car le seul travail qu’ils connaissent, c’est de faire travailler les autres. Ils se foutent surtout complètement du sort des travailleuses car les femmes sont et resteront les perdantes de cet allongement de la durée de cotisation, puisque ce sont elles qui connaissent principalement les temps partiels subis, les carrières hachées, les bas salaires (25 % de moins que les hommes en moyenne) et demain, encore plus qu’hier les retraites de misères (leur pension moyenne est de 40 % inférieure à celle des hommes aujourd’hui).

Quand les mensonges ne suffisent pas, la bourgeoisie utilise le chantage à l’emploi qui est un droit de vie ou de mort sur les salarié·es, car ce sont les patrons qui pour finir décident de qui est payé et de qui est viré. C’est pourquoi nous sommes pour l’abolition du salariat !

Les capitalistes utilisent le hold-up en bande organisée sur nos salaires, avec leurs “exonérations de cotisations” qui assèchent nos caisses de solidarités sociales.
Ils utilisent le détournement de fonds publics avec les 160 milliards de subventions aux entreprises par an dont les salarié·es ne voient jamais la couleur car cet argent va principalement engraisser les actionnaires. Aujourd’hui, tout le monde le sait, les chiffres ont suffisamment circulé, ils nous font pleurer pour 12 milliards d’euros de déficit supposé à l’horizon 2027 et ils préfèrent faire bosser des millions de personnes 3 ans de plus plutôt que de prendre 2 % des revenus des 42 milliardaires français pour combler ce déficit envisagé alors que, rappelons-le, le système des retraites est aujourd’hui excédentaire.

Surtout, depuis désormais plusieurs décennies, l’arme du pouvoir, c’est la violence : l’État nous parle de dialogue social en envoyant sa police mater les manifestations, mutiler les gilets jaunes, terroriser les écolos et réquisitionner les grévistes. C’est la 8ᵉ réforme des retraites en 40 ans et à chaque fois que la bourgeoise réforme, les droits des travailleurs et des travailleuses reculent.
À chaque fois, tout nous est passé en force, avec l’article 49.3 par exemple qui risque d’être utilisé à nouveau dans le cas présent, rien n’est négociable, le pouvoir ne discute plus, il impose.

Alors pour la CNT, le constat est clair et notre stratégie doit l’être aussi.
Aujourd’hui il faut être uni sur un mot d’ordre clair et c’est le retrait, c’est un préalable et ce n’est pas négociable.
Aujourd’hui, il faut être pragmatique et assumer le rapport de force. Le rapport de force sur le plan économique, c’est une grève de masse qui doit être reconductible pour imposer un recul.
Assommés par l’inflation et la précarité, beaucoup n’ont pas les moyens d’assumer des pertes de salaires sur plusieurs jours. Notre arme, c’est la solidarité, notre arme, c’est organiser l’entraide, nos armes, ce sont les caisses de grève.

Il ne suffit pas d’un Ambroize Croizat pour reprendre le chemin du progrès social, parce que sans les grèves de 1936 avec occupation d’usines, sans le mouvement ouvrier organisé et déterminé, Ambroise Croizat n’aurait pas pu mettre en œuvre quoi que ce soit.
Il ne suffit pas de “soutenir” les raffineurs et les cheminots, en retournant bosser parce que la grève par procuration, ça ne marche pas. Il faut que les entreprises soient à l’arrêt, il faut que les écoles soient fermées, que les parents aient leurs gosses sur les bras, il faut que le pays soit bloqué parce qu’on sait depuis le virus, que ce système repose sur notre travail, que le télétravail, ça ne produit ni la nourriture, ni aucun service essentiel, et que ce système est fragile. On sait que le patronat commencera à réfléchir seulement lorsqu’il perdra de l’argent, on sait qu’on commencera à gagner quand on commencera à se faire insulter par les politicards de droite et les éditorialistes chiens de garde.

Il y a cette réforme des retraites, il y a cette attaque immonde contre les chômeuses et les chômeurs qui va plonger 800 000 personnes dans la misère, il y a la loi Kasbarian qui propose de transformer les salarié·es ou les étudiant·es qui occupent leurs lieux de travail, la survie en squat ou les familles en retard de loyer en criminels, il y a la loi Jeux Olympiques qui permet la surveillance électronique généralisée des populations…
Tout le monde ici peut compléter la liste des “réformes” qui sont autant de cadeaux aux puissants et aux réactionnaires !
C’est à se demander quand ces gens vont s’arrêter ? Nous avons la réponse à cette question : ils s’arrêteront quand nous les arrêterons !
C’est pour cette raison que le moment est venu d’engager un réel rapport de force pour imposer un changement radical social, politique, économique et écologique et pour ça, on a besoin d’une victoire pour fissurer le mur du mépris et de l’exploitation, alors, à défaut d’être en grève jusqu’à la retraite, construisons la grève générale jusqu’au retrait de cette réforme dégueulasse et n’arrêtons pas de lutter pour sortir du capitalisme.

La CNT Grenoble

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